l'agilité a suivi "l'émergence cyclique de ses niveaux d'existence"
Si l’agilité peut être vu comme un "modèle", une "forme" d’organisation au travers des pratiques de gestion de projets, de dynamique d’équipes, d’identification de rôles, de description d’interactions et de style managérial spécifique, alors il est intéressant d’évaluer sa propre évolution au travers de ses différents niveaux d’existence proposés par la spirale dynamique et aussi des autres différents concepts proposés par la théorie de Clare Graves.
L'agilité a sa propre genèse
On retrouve les premiers concepts d’agilité dès les années 40-50 dans les travaux sur le management d’Edwards Deming qui prône des principes d’échantillonnage, d’expérimentation, privilégie l’apprentissage, la coopération et l’amélioration des relations humaines dans les entreprises.
On voit donc, des années 40 à aujourd'hui, que cet ensemble de pratiques a évolué permettant :
- D'imaginer des solutions (logicielles, industrielles)
- De fournir un cadre de travail pour les équipes projets qui les réalisent
- De proposer des principes de management de ces équipes.
Il s'agit donc d'un mode d'organisation qui a évolué au cours du temps. Son adaptation a émergé pour répondre à des besoins spécifiques.
Je vous propose dans les prochains articles de faire ce parallèle entre la spirale dynamique et la "spirale agile".
"La psychogenèse récapitule la sociogenèse"
Le principe de base de la spirale dynamique nous indique que chaque individu traverse les mêmes étapes que celle que l'humanité a déjà traversé.
(Voir plus d'informations sur les codes de la spirale dynamique dans le billet "Introduction à la spirale dynamique")
Cela veut donc dire que chaque individu adulte a devant lui des exemples de chacun des codes que ce soit au travers d'organisations et que d'autres individus. Il a connaissance de l'ensemble des visions du monde, même si il est certainement arrêté, fermé ou ouvert dans son propre code
Les point de vue d'une équipe agile (ou un individu "agile") et de l'Agilité sont donc de même nature.
La genèse de l'agilité va suivre les différents codes tout comme les équipes dans leur "agilisation" a donc connaissance des différents paradigmes agiles.
Les valeurs
Le terme de "valeur" est très largement utilisé en agilité.
L'étude de la spirale montrent que 3 types de valeurs existent à différents niveaux de conscience et d'affichage aux autres :
- Valeurs de surface : Conscientes et manifestées appliquées, ce sont celles que nous affichons tout comme l'entreprise va le faire plus ou moins distinctement : certaines en feront la base de la décoration murale que l'on verra dans l'enceinte de l'entreprise, d'autres préfèreront les supports digitaux (intranet, internet) pour passer l'information, d'autres encore animeront des séminaires pour transmettre ces valeurs, parfois de façon descendante.
- Valeurs cachées : Peuvent être inconscientes (l'implicite de règles de vie dans un bureau, les codes vestimentaires représentant des statuts sociaux, les postures familiales par exemple), ou encore celles qui sont gardées précieusement au fond de soi pour ne pas être en déphasage avec un groupe mais qui sont trahies par les comportements (par exemple la confiance est la base des interactions mais que des contrôles réguliers subsistent)
- Les valeurs profondes : celles qui déterminent le mode de pensées, déduites des 2 autres valeurs.
Une Holarchie
Un holon est à la fois une partie et un tout, par exemple l'atome à lui seul n'est rien qu'un sous-élément du système vivant, qui lui-même n'est rien sans l'atome et l'atome à lui seul est un élément à part entière.
Les différents codes de la spirale restent présents, sous leurs formes idéales pour les inclure et transcender dans les codes suivants.
Le parcours dans la spirale agile aura cette même particularité de conserver dans les codes "supérieurs" les qualité du code "inférieur" par le même principe "d'inclure et transcender". Il y aura superposition des comportements et des systèmes de valeurs.
C'est pour cela que des guillemets entourent les termes "supérieur" et "inférieur" car il ne s'agit pas de hiérarchisation mais de succession de vision d'un monde agile.
Deux Cycles : Faire et Être
Cowan et Beck décrivent deux étages. Le premier est celui regroupant les niveaux de "subsistance" (La première boucle comprenant les codes de Beige à Vert) et les niveaux de "l'être" démarrant au code jaune.
A ce moment de ma projection, je fais le même constat :
Les codes de Beige à Vert sont ceux du "Faire agile" : des pratiques aussi complètes qu'elles semblent être aux yeux de ceux qui les vivent.
Le "être agile", démarre dans une approche intégrale de l'agilité : celle de l'entreprise qui a globalement intégrée son agilité comme un son ADN.
Enchainement de focus individuels et collectifs
La spirale dynamique montre un enchainement de focus individuels puis collectifs : quand un système de valeurs montre ses limites, qu'il ne répond plus aux besoins du moment, alors les individus vont aller chercher le niveau suivant.
La spirale agile montrera le même cheminement, notamment sur la posture managériale.
Les différents principes seront détaillés tout au long de ce blog !
Les transitions, leurs prérequis
Un système (organisation ou individu) peut être "ouvert", "arrêté" ou "fermé" selon sa capacité à changer.
Par exemple, une équipe centrée sur des méthodes peut ne pas éprouver le besoin de changer car les résultats opérationnels sont satisfaisants. Cette équipe pourra différe d'une autre qui cherchera un mode d'innovation de sa structure opérationnelle.
Les transitions de codes sont décrites dans la spirale et sont utiles pour comprendre comment et ou se trouve la démarche de changement déjà entamée.
De même, certains conditions préalables au changement seront présentes, telles que :
- la disponibilité du prochain code et des solutions aux nouveaux problèmes,
- la dissonance est ressentie,
- l'identification des freins au changement,
- les impulsions qui feront s'enclencher les changement son présents, tout comme le support permettant le changement en sécurité
"...Les gens ont le droit d'être ce qu'ils sont ..."
...semblait répéter Clare Graves, le père de la "théorie de l’évolution cyclique des niveaux d’existence ".
Son enseignement est qu'une personne dont son propre système est "fermé" sur son code rejette en partie les codes précédents (pour y inclure et transcender ce qui répond encore dans certains cas) et ne considère pas les niveaux suivants comme opérants.
Le niveau d’existence e d'une personne, d'un groupe est donc par nature le bon car il répond aux problématiques du moment ou en cours de changement car il n'y répond plus ou inadapté mais sans pour autant qu'une réponse soit disponible.
"Les gens ont le droit d'être ce qu'ils sont" : cela peut signifier qu'une équipe se définissant comme agile positionne son agilité dans un code (correspondant aux respects des valeurs profondes) sans pour autant "obligatoirement" embrasser l'intégralité des codes.
En d'autres termes on peut se définir soit-même comme agile en suivant scrupuleusement une méthode. Or, il m'arrive de lire sur les réseaux sociaux l'expression du point de vue de personnes installées confortablement dans un code différent (probablement supérieur) regardant avec mépris ces "gens qui n'ont toujours pas compris ce qu'était l'agilité" car ne les analysant pas avec une vision du monde agile peut-être plus holistique.
Mais pour autant, faut-il les considérer "inférieurs" ? les "juger" ? les voir comme "moins performant" ? les rejeter de la communauté ? ou les accepter et capitaliser sur leurs forces ? les accompagner à se définir dans une transition ? comprendre quelle agilité ils vivent et celle vers laquelle ils seraient mieux qu'ils soient pour répondre à leur environnement ?
"La quête est sans fin" disait aussi le Docteur Graves : l'agilité d'aujourd'hui n'est certainement pas celle de demain, elle va continuer d'évoluer ...