Allo monsieur le coach ?
"Oui bonjour, en quoi puis-je vous êtes agréable ?"
"Ce serait pour passer mon équipe vers la méthode agile s'il vous plait !"
Bien sûr, les appels des clients n'ont pas cette originalité du jeu du marchand de "quand j'étais petit" et pourtant ...
La fameuse méthode agile : qu'est-ce donc ? Un abus de langage ? Un raccourci ? Une confusion ? Une honteuse faute de connaissance ?
Peut-être tout cela et aucun à la fois : c'est au moins le reflet d'une chose, l'agilité de part ses méthodes à un coté bleu !
Allons faire un tour dans mon histoire et ses mots bleus.
Le manifeste : la seule et unique référence.
On découvre le manifeste dès les premiers instants d'une formation à l'agilité, je ne pense pas y avoir échappé. Il faudrait que je me replonge dans les slides de l'ami Alex. Mais ce n'est pas tant cet apprentissage que je retiens du bleu du manifeste.
C'est plutôt le caractère incontournable : On est agile que si on suit le manifeste.
Il n'y a pas d'autre voie ni voix :
C'est LA vérité ultime
On va avoir du mal à faire plus "bleu"que cela !
Le code Bleu de la spirale est celle de la vérite ultime, celle qui fait que l'on vit ensemble, en ayant fait rentrer rouge dans le rang du collectif.
J'ai clairement souvenir de chercher à comprendre par moment pour quelle raison on "devait" avoir telle ou telle pratique, posture : ce n'est pas compliqué, si çà répond aux valeurs du manifeste alors c'est que c'est "agile".
La Méthode ?
Bien sûr qu'il n'y a pas une méthode, nous sommes tous d'accord : Claude Aubry m'a, à très juste titre, fait remarquer que son livre avait changé de sous-titre de "SCRUM" passant du "Guide pratique de la méthode agile la plus populaire" à "Pour une pratique vivante de l'agilité".
Claude est l'auteur du blog agilité et rock and roll, des 5 versions de "Scrum" et plus nouvellement d'un magnifique ouvrage que je vous conseille : "l'art de devenir une équipe agile", livre illustré par Etienne Appaert qui n'est autre que l'illustrateur de "Reinventing organizations" le célèbre livre de Frédéric Laloux : référence traitant ...de spirale dynamique : il n'y a donc pas de hasard en ce monde (croyance violette s'il en est !).
(Cliquez sur l'image pour en savoir plus sur l'ouvrage.)
Il n'y a pas qu'une seule méthode certes, mais pendant quelques itérations, l'équipe et moi n'avons pas déroger d'un iota de ce qui nous avait été proposé : les méthodes sont passées de l'état de support pour se construire à une guide duquel on ne déroge pas.
On fait toutes les rétrospectives et même si parfois les développeurs m'ont fait comprendre que ce n'était pas utiles. On les fait "POINT" : d'une part parce que nous avions encore à nous améliorer mais aussi parce qu'il faut les faire pour rester agile !
On fait tellement "pour faire" que l'on oublie même le "pourquoi" les cérémonies se tiennent.
Nous avons du régulièrement revenir aux fondamentaux : pourquoi d'une rétrospective, de la planification d'une itération, de l'objectif d'un système kanban etc ...
La promesse d'un monde meilleur
Quand j'ai découvert l'agilité, j'ai adhéré au coté humaniste, fait d'auto-organisation, de subsidiarité, de confiance.
Ce monde devient rapidement le seul possible : çà marchera mieux qu'avant puisque la promesse y est.
Ne nous avons nous pas dit que seulement 7% des fonctionnalités d'une application sont toujours utilisées et que l'agilité est là pour créer "uniquement de la valeur" ?
Ces pratiques, ces méthodes vont nous permettre de créer des applications utiles pour nos clients.
Il y a rapidement eu une forme de radicalisme dans mes propos et ma façon de gérer l'équipe : si on ne fait pas çà ne marchera pas, et la promesse ne sera pas tenue.
Et pire, le prosélytisme bat son plein. J'ai cherché à convaincre, usant parfois de la plus basse mauvaise foi, et je pense même m'être servi d'exemple de projets en cycle en V ayant échoués comme l'argumentaire absolu : c'était le mode d'organisation qui a fait raté sa cible au projet. Bien sûr qu'il y avait certainement de multiples autres raisons ..passées sous silence au service de "LA" cause !
De ce fait les croyances se transforment en dogme...rassurez vous cela n'a pas duré ...mais c'est une histoire d'une autre couleur !
L'organisation stratifiée
Le groupe de Telecom, dans lequel j'ai vécu cette révolution tant intellectuelle que professionnelle, est un historique opérateur d'état, gérée dans les plus hautes instances il y a encore 25 ans en tant que ministère à quasi part entière.
Le Bleu traine encore. Dans les façon de faire et dans l'organisation. Tout y est strates empilées les unes sur les autres confortant au fur et à mesure leurs existences et leur raison d'être : être la base de l'élément du dessus.
L'organisation est donc segmentée ce qui à deux impacts directs :
Tout d'abord les rôles et responsabilités historiques sont conservés. On ne supprime pas de rôle, on les conserve en les adaptant à la marche. Un chef de projet reste un chef de projet et même si son rôle dans une équipe scrum n'est peut etre plus légitime, il reste en place et charge à lui de se légitimer. Cette légitimité est accordée de facto puisqu'elle est une partie de l'ADN.
La seconde est le clivage entre les services, les départements ou les directions. Les frontières ne bougent que peu et quand la malléabilité se fait, c'est au rythme géologique. L'agilité se cantonne dans son environnement naturel : l'IT.
Et c'est seulement par un stratagème que les équipes connexes sont "venues à nous" : l'extension de notre kanban en incluant le marketing à l'entrée et déploiement en sortie.
Merci, encore à Laurent Morisseau de nous avoir "challengé" sur la file d'attente de sortie de notre système.
Lui : "Ca bloque là les gars, qu'avez vous fait ?"
Nous "Bah rien "ils" (les ops) ne veulent pas nous autoriser à livrer plus souvent"
Lui : "Ah oui, vous avez demandé à le faire"
NOus :" Mais non, ils ne voudront pas..."
Lui : "Mais posez la question !!! "
Nous : " OK ..."
Nous, contraints et forcés, avons donc posé la question ...et c'est sans problème que nous avons diminué drastiquement notre temps de cycle et amélioré notre débit !
J'ai souvenir de cette discussion le récit est complètement édulcoré tant Laurent ne nous avait pas laissé d'autres choix que de "nous bouger". Encore merci à lui pour cette leçon de l'époque.
Coté marketing, j'ai simulé la présence des équipes dans le kanban, mis les outils de mesure en place et vendu de la simplicité et de l'autonomie une fois que le tout fonctionnait. Et lors d'une rétro fait travailler l'ensemble sur un process généralisé. Bingo : les "business owner" ont apporté leur pierre à la priorisation en amont, régulé leur flux de demande et accompagné le PO dans la définition des sprints.
C'est grave docteur ?
Je vous narre encore une fois la route d'une transformation, qui passe d'étape en étape et conserve l'élément nécessaire à l'évolution;
Les méthodes et le manifeste reste des bases de références et la spirale nous enseigne que les systèmes de valeurs s'enchaineront.
"Transcender et inclure" permet de laisser le coté dogmatique, l'application rigoriste des méthodes pour ne garder qu'une somme de réflexe.
A ce moment de l'histoire : bleu nous va bien. Notre système est fermé et nous y sommes agréablement installé.... jusqu'au moment qui nous montrera que la stricte vérité nous empèche d'aller plus loin, d'optimiser, de nous "challenger".
Bleu en 2 mots
Bleu est donc bati sur une croyance essentielle à son développement : celle de la promesse d'un vie meilleure après la mort, si et seulement si les règles sont respectées.
Pas de respects des règles, pas de vie dans l'au-delà. Pas d'agilité, pas de succès : point !!
Les règles sont donc centrales, les rôles et les méthodes deviennent incontournables.
Les croyances fortes deviennent dogmes, il faut changer le monde et on se transforme en "chevalier croisé" prêt à prêcher la bonne parole agile.
Pour un groupe comme le notre, bleu est une part importante de nos gènes, il s'y installe donc confortablement et parfois durablement.
Des principes normatifs d'agilité à l'échelle y trouve des niches où se lover... et ces frameworks ont bien compris comment leur parler. Utilisent-ils la spirale comme outil marketing ???