Comme évoqué dans un article précédent, la spirale dynamique décrit une succession de focus individuel et collectif.
Lorsque le collectif pèse, l’individu reprend ses droits. Et pour rouge, reprendre ses droits n’est plus seulement une question de survie mais de quête identitaire. Il cherche à satisfaire « ses désirs ici et maintenant » sans se soucier des impacts sur les autres…. Cette description semble à mille lieux de l’agilité…. En êtes-vous si sûrs ?
Shu ha ri
Les arts martiaux ont une coloration assez « Rouge » de part la recherche personnelle que revêt le « DO » (la voie, ju-do, karate-do, aiki-do etc ...) et pour laquelle la lutte, le respect, parfois la force (même si elle n’est bien souvent qu’une apparence : la technique et la finesse priment souvent sur la force) et nécessite courage et abnégation que ce soit durant les entrainements ou en compétition (pour ceux qui la propose).
J’ai fait un lien entre aikido et agilité dans un article du blog "agiloquotidien" que je tenais lorsque j'étais "coach'agile interne" : http://agiloquotidien.over-blog.com/2015/02/l-aikido-une-pratique-agile.html .
Le concept SHU-HA-RI est un principe d’apprentissage japonais expérimenté par les pratiquants d’arts martiaux, repris par Alastair Cockbur, signataire du manifeste agile et père, à la fois de la méthode « Cristal Clear » et du mouvement « Heart of Agile »:
D’abord on répond aveuglément aux sollicitations du sensei (Shu) puis une fois la sacro-sainte ceinture noire apposée sur le kimono, le pratiquant commence seulement à apprendre. C’est ensuite que j’ai recherché ma propre voix en adaptant ce que j’avais compris des démonstrations de mon « sensei » : Marc Bachraty (son site ici : http://www.marcbachraty.com/)
Celui qui, avant que la vie nous sépare de quelques centaines de kilomètres et donc du quotidien, fut longtemps un proche au-delà du guide suivi durant des années sur les tatamis…
Son livre vous fera découvrir sa vision de l’art martial que j’ai le plus aimé pratiquer et grâce auquel j'ai énormément appris sur moi-même.
Le Ha (s’approprier la pratique) n’ayant pas été concluant : j’ai voulu aller alors un peu plus loin multipliant les expériences pendant plusieurs années pour tenter de comprendre et d’adapter ... sans y arriver.
Je n’ai jamais, bien sûr, atteint le RI (intégrer pour en faire quelque chose de personnel) en aikido, point que je pense avoir atteint avec l’agilité : la preuve avec cette vision particulière de l’agilité au travers de la spirale dynamique.
Je n’ai bien sûr pas manqué de passer les étapes de SHU que ce soit avec Laurent Morisseau sur Kanban ou Alex Boutin sur Scrum : L’équipe et moi nous sommes évertués à suivre tout l’enseignement à la lettre sans chercher à composer. Je me suis rapidement persuadé que suivre les instructions étaient encore la meilleure façon de faire.
Je suis toujours intimement convaincu qu’appliquer Scrum à la lettre conduit automatiquement à l’agilité : pourquoi une somme de pratiques exclusivement agiles ne ferait pas de l’équipe lambda une équipe agile ?
Je reviendrais plus tard sur cette idée, puisqu’elle est l’un des piliers de la spirale :la vision du monde et ses réponses se font en fonction de la nécessité du moment.
La force et la ténacité
Les équipes alentours fonctionnant encore en mode « waterfall » nous condamnait à l’échec tout comme certains managers réfractaires : "L’agilité çà ne peut pas ne pas fonctionner à on terme" Les réactions se sont faites assez vives de ma part.
Puisque vous pensez que nous allons échouer, nous ferons alors tout pour que çà réussisse, même si pour cela je parlerais fort en manquant de « tact en public » face à mes détracteurs.
Je n’ai pas hésité à hausser le ton lorsque, à la machine a café ou durant des réunions, j’entendais de la part de managers hostiles « l’agilité c’est vraiment n’importe quoi », « regarder les jouer aux cartes ou aux légos », « ce n’est pas sérieux de ne pas s’engager sur les délais, les couts et les résultats ».
Encore un comportement « Rouge » qui sort les bras, hausse la voix, se bat, irascible face à l’irrespect.
Des mots
Les termes que j’ai utilisé à ce moment marquent cet état : on cherche à « convaincre », on « se bat » etc …
Ce langage martial, combattant, militaire peut être aussi une voix Rouge.
Nous avons aussi constituer des SWAT Team (en lien avec les forces d’élite de polices des US) : des équipes dont le but est de régler un problème « bloquant » en production (une application qui cesse de fonctionner à cause d’une anomalie).
Kanban nous a permis de constituer ses équipes sans perturber le reste des équipes de réalisation tout simplement puisque le changement, même brutal, est dans l’Adn d’une équipe Agile.
Nous l’avons maintes fois expérimenté avec succès et sans trop de douleurs organisationnelles
D’ailleurs quoi de plus agile qu’un commando militaire, dont la force est l’adaptabilité, devant travailler avec un contexte aléatoire, bien qu’étudié finement au préalable et qui à la charge de la réalisation dans l'atteinte d'un objectif ?
Oui nous jouons …
Les légos sont souvent associés aux démarches agiles, car des jeux comme « lego for Scrum » sont (ou au moins ont été) ceux les plus rependus lors des formations. Elles allient constructions et réalisations palpables et matérialisableS ainsi que la simplicité de règles du jeux (tout le monde sait empiler deux briques de plastique à commencer par mon petit garçon d’à peine deux ans) avec un fort côté ludique totalement assumé.
Pour autant, il n’est pas rare que les jeux, que le facilitateur met sous pression en comprimant le temps, fassent ressortir le coté compétiteur : Je pense qu’au chaque formation, au moins un participant continue à jouer pendant les pauses … pour gagner !!
Alors qu’il ne s’agit que d’un prétexte pédagogique, une partie de la population ne pense qu’à la victoire. Ce qui émule les groupes qui, par contagion, entrent dans cette même compétition (j’avoue en « jouer » aussi en formation pour accentuer la pression et faire agir par réflexe plus que par réflexion)
Cette faim de victoire coute que coute, quelque soit l’impact sur les autres (perturber le déroulement de la formation, tricher etc ...) est une des caractéristiques de « Rouge ».
Une équipe engagée ...
Dans les différents défis : la réussite du sprint en terme de périmètre, de qualité, de quantité.
Le terme sprint prend tout son sens. J'ai souvenir d'un développeur me disant au bout de 3 ou 4 itérations "Je comprends pourquoi on appelle çà sprint !!". L'équipe avait bossé tard la veille de la démo pour tenir les engagements.
C'est à ce niveau que l'alerte doit être comprise : "Rouge" prend le pas et l'équipe perd la notion de durabilité et de "rythme soutenable"car le jeu, la "gagne" est plus importante...jusqu'au moment ou cela devient usant, contraignant.
Une rétrospective permet de remettre cette quête de victoire à un niveau d'engagement plus atteignable.
La liberté au dépend du chef et du collectif
N’oublions pas : nous avons expérimenté tous les codes et sommes installés majoritairement dans un pour un contexte donné, une période donnée, un environnement spécifique. Nous ne sommes pas une couleurs mais en revêtons certaines caractéristiques à certains moments.
Pour ma part j’ai un besoin insatiable de liberté professionnelle, je la cherche, la creuse, l’impose quand je ne l’ai pas….
Quelques uns de mes managers passés l’ont souvent mal compris et en ont rarement fait une force pour eux (créativité, autonomie, courage, combativité) et ont souvent considéré que c’était un affront à leur pouvoir, que j’étais un élément ingérable .
Par exemple j’étais contraint de me « cacher » pour aller accompagner d’autres équipes sous prétexte qu’elles ne faisaient pas partie du département de mon chef et d'attendre que l’intérêt pour ces équipes soit reconnu et avéré.
Utiliser un code Rouge peut complexifier le quotidien. J'ai le souvenir d'avoir fait l’affront d’aller donner une conférence en extérieur des bureaux (quelques centaine de mètres …) alors que « je n’avais pas le droit » sans autre raison que de devoir en référer avant et d'en avoir l'autorisation.
Hummm …le « droit » ... sans connaitre la spirale à l'époque , je me suis adapté au coté « rouge » du chef , le flattant et en m’excusant, puis son le « bleu » promettant de ne plus faire…l’affaire était réglée, cela ne pouvait m'empêcher de faire ce dont j'avais envie !
Certainement que mon "Enfant libre-rebelle" de l'analyse transactionnelle avait pris le dessus ... il n'y a pas que la spirale dynamique dans la vie !!
N’oublions pas que Rouge est individualiste avant tout. Le mien m’a aidé dans mon apprentissage, prenant des congés et payer mes formations, continuant à me battre pour faire ce que je pensais être bon pour moi sans chercher a réfléchir sur le bien fondé de mes attentes, sur l'impact vis à vis des autres.
Rouge en 2 mots
Il est à la fois les « terrible 2 » (en anglais, l’année de ses 2 ans qu’un enfant passe dans le conflit avec ses parents cherchant sa propre identité à grands renforts de « NON ») et la période pré-ado/ado qu’il passe à continuer cette quête laissée une dizaine d’année plus tôt en suspens.
C’est donc le moment que l’humanité à passer à se faire la guerre pour montrer qui est le plus fort en étendant son territoire cherchant à répondre à l’humiliation potentielle qu’est d’être le plus faible. C’est ainsi que le respect n’est pas négociable, que les problèmes se règlent dans le confit.
Rouge cherche le plaisir personnel maintenant sans se soucier de l’impact sur les autres, c’est d’ailleurs ainsi qu’il est sorti de son cadre Violet, respectueux de la tribu, des anciens.
Comme je l’écrivais plus haut, et que je me permets de ressasser tant ce message est primordial : l’individu peut s’installer dans un code pour un contexte à un moment particulier et peux tout simplement profiter des atouts que lui offre un code « inclus et transcendé » : l’utiliser à dessein, en conscience si le contexte particulier lui en intime « l’usage »