Mon voyage en spirale Agile : La naissance

Je vous propose de vous raconter mon voyage agile depuis ma découverte de cette philosophie de gestion de projet, de ces pratiques, de ces valeurs jusqu'à ma pratique plus avancée, plus entière, plus globale que je vis aujourd'hui.

Ce voyage, je vous l'explique vu des étapes que constituent la "spirale agile".

La première étape est celle de ma traversée en code "Beige".

Note : j'ai fait un choix d'anthropomorphisme : je nommerai chaque code par son nom ("Beige", "Rouge"...) comme s'il était un être vivant à part entière, le personnalisant, lui donnant vie au travers avec son nom affublé d'une majuscule.

Il y a une dizaine d'année, alors que je gérais un projet qui touchait à sa fin, la direction de l'entité du groupe dans lequel je travaillais m'a demandé de prendre en charge la "transformation agile" de l'équipe projet qui allait continuer les développements.

Il ne me restait que quelques semaines de tests intensifs par les maitrises d’œuvre puis les maitrises d'ouvrage puis peut-être par quelques utilisateur, suivies de la mise en production et de la découverte par la quasi-totalité des utilisateurs de cette application de gestion.

Ceci sonnerait la fin d'un projet qui m'aura fait vibrer pendant près de 2 ans : enfin nous allions avoir voir l'application utilisée !!

"Mais de quoi me parle-t-on ?? C'est quoi Agile ? Encore une nouvelle mode ?? "

Je peux dire que j'étais alors spécialiste des expérimentations de tout ordre : de normes, de façons de faire, d'organisations (je m'étais chargé de transferts d'activité à plus ou moins longue distance), d'outils mais là vraiment ...je n'avais absolument aucune envie de traiter ce changement alors que je touchais au but ultime de tout chef de projet informatique : mettre en production et espérer avoir des retours de utilisateurs !!!

Autant dire que j'ai refusé : Mon patron a insisté, j'ai re-refusé, il a re-insisté, j'ai re-re-refusé ....puis j'ai fini par accepter.

C'est qu'il était persuasif mon patron, et avec du recul, je pense qu'il misait sur ma capacité d'adaptation, mon goût pour la nouveauté et mon grand besoin de liberté ...que l'agilité m'a offert (un peu ...je travaillais dans un groupe de plus de 100 000 âmes) !

Nous avons travaillé avec la SSII sous traitante pour constituer la future équipe.

Toute l'équipe "opérationnelle" du moment (Maitrise d'ouvrage et son assistance, Maitrise d'oeuvre, chefs de projet, développeurs, managers) a suivi une formation composée d'un peu de théorie "scrum" et de jeux (nous gonflons des ballons, plions du papier etc...) les messages étaient clairs :

• l'humain au cœur du dispositif,
• le client au plus près des développeurs,
• la valeur est créée par itérations courtes pour avoir des feedbacks !!

Je ne saurai jamais comment remercier mon formateur de l'époque (qui est devenu mon mentor et un ami par la suite) : Monsieur Alexandre Boutin : coach agile, formateur, expert en innovation games et fondateur de "agiletoyou"

Nous ne sommes pas sûr de tout assimiler, tout comprendre, de faire "comme il faut" ... alors le moyen de nous mettre sur les rails, les bons, ce qui après plusieurs années nous ont confirmé que nous avions fait le bon choix.

Bien sûr ceci est une image : nous avions besoin d’être rassurés. Ce nouveau monde nous semblait dangereux car le passage à l'agilité était une expérimentation qu'il ne fallait pas rater, mais

le monde extérieur représente un danger permanent alors restons entre nous et notre maman nous nourrira.

C'est ce que cherche "Beige" dans la spirale dynamique, c'est ce que nous avons ressenti lors du démarrage.

Nous avons la chance d'être accompagné par un œil extérieur et expert. Pas de question à se poser : nous pratiquons comme il nous dit de faire.

Comme "Beige", nous ne posons que peu de questions, nous avons à peine conscience qu'il faut appliquer pour y arriver.

Nous avons découvert qu'il nous fallait tout un tas d'artifices dont nous n'avions pas besoin jusqu'alors :

• Un mur pour coller des Post-it,
• Des cartes pour jouer au poker,
• Des réunions régulières appelées cérémonies,
• Des nouveaux rôles appelés Product Owner et Scrum Master,
• Des développeurs qui parleront aux utilisateurs,
• D'environnement de développement permettant de travailler en pair-programming
• etc ...

Nous nous appliquons à tout mettre en place, et cette conduite est salvatrice, elle nous permet alors de nous installer confortablement.

J'étais alors chef de projet MOE dans un contexte de développement d'application informatique en cycle en V. Me voici arrivé donc devant un nouvel environnement dans lequel mon rôle ...n'existe plus !!

A moi de réinventer mon job, de trouver une nouvelle place.

Je vais me faire une place de coordinateur globale du projet (je planifie, suis les budget, identifie les risques et les actions pour les "mitiger" ...finalement : pas grand chose ne change !

A ceci près que j'aide au changement en me faisant relais du coach qui n'est présent qu'aux moments importants de la vie du projet, lors des fins d'itérations.

Dans les grandes entreprises comme celle dans laquelle je participe à cette transformation, il y a de la place pour les fonctions de support. Mon nouveau rôle n'est pas décrit dans la méthode "scrum" que nous suivons, mais le besoin de coordination entre toutes les couches fonctionnelles est présent, une "chefferie de projet" est toujours la bienvenue.

A ce moment de l'histoire, l'agilité n'est pas encore en place, elle vient de naitre et il n'y a pas de rupture franche avec les anciennes pratiques. Cependant, chacun a bien compris que les choses allaient devoir changer si nous voulions profiter des bienfaits de cette agilité.

J'ai trois niveau de manager avant d'arriver au chef de la DSI (qui ne s'appelle pas encore ainsi) et en tout 7 avant d'arriver à celui qui est connu du grand public (le vrai BIG BOSS)

C'est à un niveau + 4 que la décision d'aller vers a été prise...en tout cas, c'est de là haut que nous avons l'impression qu'elle est partie (...au dessus, on connait tout juste les noms et encore !)

Mais cela suffit pour savoir que nous sommes soutenu et que l'impulsion est donnée. Ce soutien est primordial : nous ne pouvons entamé cette transformation dans la crainte qu'elle nous soit "reprochée" (plutôt ses impacts directs : coûts ? (j'y reviendrai), future auto-organisation et nécessité de lâcher-prise etc ...)

Anecdote : Nous avons eu une petite frayeur tout de même : la formation se déroulait très proche d'une salle de réunion dans laquelle se déroule le "comité de direction" de mon N+3. Le truc c'est que le jeu proposé par Alex réveille un peu les enfants qui sont en nous... et pour avoir moi même des enfants je peux vous assurer que les enfants qui jouent ensemble avec un nouveau jouet sont ...bruyants !!! Le directeur n'a pas vraiment adoré la blague ..il s'y fera plus tard ... bien plus tard (voir "le codir qui voulait être agile" :) )

"Beige" de la spirale agile découvre l'agilité, n'est pas encore dans la conscience de l'équipe, est centré sur sa propre recherche d'apport de valeur à la future équipe, à la vision.

"Beige" se dote des outils qui lui sont nécessaires pour travailler collectivement et met en place les aspects logistiques pour que ce collectif puisse prendre forme.

Le management dans lequel évolue beige se doit être rassurant et assure le minimum pour que l'équipe sente qu'elle puisse entamer sa transition.

La somme d'individu ne constitue pas encore une équipe. Chacun cherche son rôle et une fois que celui ci est défini, il va pouvoir faire un pas.

Ce groupe, une fois doté de ce qu'il lui faut pour avancer va chercher à se constituer en équipe.

C'est tout l'enjeu de "Violet agile" ...

A suivre...